Le mercredi 21 juillet 2021, on apprenait, par un article du « Canard enchaîné », que le policier qui avait enregistré la plainte de Chahinez Daoud quelques mois avant qu’elle ne soit assassinée en pleine rue par son mari, avait lui-même été condamné pour violences intra-familiales. Cette information a été confirmée par le parquet de Bordeaux le jour-même.
Chahinez Daoud, mère de trois enfants, est décédée à Merignac le 4 mai 2021 après avoir été blessée par balles puis immolée par le feu par son mari. Le 10 juin le rapport de la mission conjointe de l’inspection générale de l’administration et de l’inspection générale de la justice avait été remis au gouvernement. Celui-ci pointait une « suite de défaillances » dans le suivi du conjoint violent.
En effet, le 23 juin 2020, il avait déjà été condamné par le Tribunal correctionnel de Bordeaux à 18 mois de prison, dont neuf fermes pour des faits de « violences conjugales en récidive » sur Chahinez Daoud. Bien qu’il lui soit formellement interdit d’entrer en contact avec la victime, le rapport révèle qu’il a pu la contacter depuis la prison à de nombreuses reprises, l’appelant jusqu’à 15 fois par jour et la menaçant de venir à son domicile dès sa sortie.
Chahinez Daoud s’était alors rendue au commissariat de Bordeaux le 7 août afin de porter plainte et de déclarer le non-respect de la mesure d’éloignement. La police, qui doit normalement en informer immédiatement le parquet, ne l’a fait que le 10 décembre. Le parquet a classé la plainte sans suite sans en aviser ni le référent chargé des violences conjugales au sein de la juridiction, ni le juge d’application des peines. Le mari a ensuite bénéficié d’une mesure de placement extérieur, moins de quatre mois après son incarcération, et a été libéré le 9 décembre sans qu’en soit informée sa femme, qu’il approchait alors malgré l’interdiction.
A la mi-mars celle-ci porte de nouveau plainte suite à une nouvelle agression extrêmement violente mais cette dernière n’est pas transmise au parquet. Le courriel envoyé par le policier, lui-même condamné pour violences conjugales, contenait uniquement la grille d’évaluation du danger et la fiche d’évaluation des victimes rédigées de manière quasi illisible. De nombreuses nouvelles défaillances ont ensuite permis au conjoint violent de demeurer libre et d’assassiner Chahinez Daoud le 4 mai 2021.
Pour Chahinez, il est hélas trop tard, mais l’histoire de la jeune femme n’est pas un cas isolé. Au 30 juillet déjà 68 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint au cours de l’année 2021.
Depuis des années, ECVF, comme l’ensemble des associations féministes, réclame que davantage de moyens humains et financiers soient alloués aux structures de police et de justice ainsi qu’aux associations d’aide aux femmes victimes de violences.
Le gouvernement, qui s’est officiellement engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes doit à présent mettre les moyens nécessaires à leur protection.