C’est le texte fondateur de l’association. Lancé en 2003, cet Appel a réuni plus de 300 élu.e.s, qui reconnaissaient l’ampleur des violences faites aux femmes et s’engageaient à se mobiliser pour les faire reculer.
Elus locaux ou élues locales, membres de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen, signataires du présent Appel, nous sommes concerné/es par les violences faites aux femmes. Nous nous engageons à mener dans nos communes, nos départements, nos régions et nos parlements, les actions nécessaires pour dénoncer et faire cesser cette violence. Il est, en effet, possible de faire avancer cette cause et de susciter le débat public en prenant appui sur nos responsabilités d’élus de tout niveau territorial.
Toutes et tous nous savons qu’il existe des victimes et qu’elles attendent des solutions concrètes. Nous agirons pour que les analyses des associations, de toutes celles et ceux qui sont concernés, soient prises en compte et leurs propositions mises en œuvre.
Notre société parle de la violence comme si elle était asexuée. Pourtant, l’insécurité dans l’espace public et la violence dans l’espace privé se partagent inégalement entre les sexes. Les femmes sont les principales victimes d’une violence physique, psychologique et symbolique encore trop souvent banalisée et passée sous silence. Initiée en 1997, l’enquête nationale sur les violences faites aux femmes (ENVEFF) en a chiffré l’ampleur en France.
La prise de conscience est désormais un enjeu mondial. La Conférence de l’ONU à Pékin, ainsi que le programme DAPHNE de l’Union européenne ont inscrit à l’agenda politique la lutte contre la violence envers les enfants, les jeunes gens et les femmes. Ces institutions reconnaissent clairement que les violences faites aux femmes ne relèvent pas d’un privé intouchable. Il s’agit de faits sociaux qui, du viol à la lapidation, du harcèlement sexuel à la prostitution organisée, de l’insulte au mépris, des coups au meurtre, sont les signes répétés d’un pouvoir de domination auquel il faut mettre un terme. Nous disons que la violence, dite « privée », existe partout, dans les banlieues comme dans les beaux quartiers. C’est cette violence domestique qu’il convient de combattre car elle légitime toutes les autres violences. En structurant psychiquement les enfants spectateurs, elle construit des généalogies d’hommes violents et de femmes contraintes, elle pérennise l’idée que la force constitue la base et la légitimation de la domination. C’est en cela que cette violence est politique.
En France, la prise de conscience et de responsabilité a encore du mal à se manifester. C’est pourquoi nous pensons nécessaire d’agir en créant une association d’élu/es, de tous horizons démocratiques, afin d’obtenir des progrès plus rapides dans l’action contre l’insécurité et la violence.